Interview Frédéric Ovadia, être auteur aujourd'hui

Frédéric Ovadia, éditeur indépendant et innovant (3/3)

Que signifie être auteur aujourd'hui ?

Pour inaugurer le lancement de la collection Nouvelles Pensées Entrepreneuriales – créée par Optim’ease, en partenariat avec Les éditions Ovadia – Frédéric Ovadia, éditeur indépendant et innovant, a accepté de répondre à notre interview.

Dans ce troisième et dernier volet, il explique ce que signifie être auteur aujourd’hui.

Delphine Kieffer : Qui sont les auteurs aujourd’hui ?

Frédéric Ovadia : Tout le monde peut écrire. Un auteur est quelqu’un qui écrit, qui témoigne de son expérience. Mais ce n’est pas pour autant qu’il va devenir écrivain.

Par le style d’écriture, le scénario ou l’émotion qui s’en dégage, l’écrivain est capable de vous emmener dans quelque chose d’universel, où tout le monde se reconnaît. Il est capable de vous ramener à vos propres expériences et de vous amener vers d’autres modes de réflexion et de compréhension. C’est ça la force d’écrire.

D.K. : Alors que l’autoédition est en hausse, quels sont les avantages pour un auteur d’être édité par une maison d’édition ?

Frédéric Ovadia : La maison d’édition est un chef d’orchestre qui doit s’assurer que le livre est distribué en permanence et qu’il y a toujours des exemplaires. Elle accompagne également l’auteur dans son parcours.

Entre édition et auto-édition, ce n’est pas une question d’avantage ou de désavantage, mais plutôt une différence. Parfois, les gens ont envie d’écrire et de diffuser à un cercle d’amis restreint. Les mécanismes d’une maison d’édition ne permettent pas toujours de bien faire passer un message.

D.K. : Qu’est-ce qui a changé pour les auteurs qui se font publier ?

Frédéric Ovadia : Jusque dans les années 1945-1950, un auteur était reconnu en France pour son style d’écriture, pas pour ce qu’il disait ou ce qu’il était. C’est d’ailleurs bien plus tard que l’on a considéré Victor Hugo comme un grand personnage, ou que l’on a évoqué l’infortune de Balzac, mort couvert de dettes…

Le cas de Louis-Ferdinand Céline représente un point de clivage intéressant car il interroge sur la différence entre celui qui écrit et ce qu’il écrit.

« Hier, c’était les mots.
Aujourd’hui, c’est l’égo. »

Aujourd’hui, la personnalité de l’auteur prime sur la stylistique de l’écriture. Nous sommes dans un monde nouveau, un monde de communication qui a besoin de savoir, peu importe la façon dont c’est dit ou écrit. Un monde qui a pleinement intégré l’image, le son, la vidéo et où les mots tendent à se désagréger.

« Les éditeurs ont un rôle essentiel dans la mémoire
et dans l’histoire de l’humanité. »

Ils doivent favoriser la transmission des idées et des savoirs, en ayant une vision prospective, voire avant-gardiste. Que va-t-on transmettre ? Quelle tendance va-t-on donner à un phénomène émergent ? C’est cela la force de l’édition.

D.K. : Selon vous, quels sont les ingrédients qui font le succès d’un livre en 2022 ?

Frédéric Ovadia : Je dirais qu’il y a deux éléments importants aujourd’hui. Le premier est que le livre doit être très bien structuré avec un chapitrage. Le second est qu’il doit être imagé. Les gens ont besoin de structure et d’imaginaire. Ce paradoxe est essentiel. Tout (ou presque) a déjà été écrit. C’est donc la forme et l’originalité qui vont faire la différence. Et peut-être aussi l’ajout d’ingrédients techniques, comme le QR Code ou l’association à d’autres vecteurs tels que la musique.

D.K. : Quelle influence les auteurs peuvent-ils avoir sur la société à l’heure du web et des réseaux sociaux ?

Frédéric Ovadia : Dans les années 1970-1980, il y avait Bernard Pivot à la télévision et quelques émissions radio sur France Culture. Pendant 50 ans, on nous a toujours présenté les mêmes auteurs. Aujourd’hui encore, ce sont toujours les mêmes qui sont invités à la télé ou au Salon du Livre. Alors qu’il y a des philosophes qui ont une pensée extraordinaire, mais dont on ne parle jamais. Je pense notamment à Gaspard Koening, Baptiste Rapin ou Laurence Vanin.

« Les auteurs ont beaucoup plus d’influence qu’avant. »

Le web et les réseaux apportent une plus grande pluralité de penseurs, d’écrivains ou d’auteurs, qui créent le débat, développent l’esprit critique, amènent les gens à des images mentales fortes et à la réflexion, et leur offrent un choix plus élargi.

Grâce aux réseaux sociaux, on peut découvrir de nouveaux talents, les relayer et les rendre influents, en dehors de tout parti politique ou courant de pensées. On a vraiment cette capacité de choix et ce libre-arbitre qu’on n’avait pas avant.

L’interview complète

Frédéric Ovadia, éditeur indépendant et innovant

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